Future friche...
A la galerie où il y avait l'e-Mehari designed by Courrèges, j'ai vu cette photo. Sans doute un alternateur industriel, photographié dans une friche. C'est le "Jeumont" qui m'a attiré. Jeumont-Empain, c'était un grand groupe des années 70. L'un de ses principaux sites était à Champagne-sur-Seine, près de Fontainebleau. Le baron Empain, héritier et dirigeant du groupe, fut enlevé, en 1978. Il a réussit à s'échapper. Aucun de ses proches ne voulait payer la rançon. Ec½uré, il vendit ses parts en 1981. Didier Pineau-Valenciennes prit les commandes. Ou plutôt, il découpa en règle le groupe Empain-Schneider. A Champagne-sur-Seine, chaque bâtiment s'occupait d'un métier. Les bâtiments fermèrent un à un. Au milieu des années 90, Empain sponsorisa la Venturi d'Eric Graham. Une voiture que j'ai pu photographier aux 1000km de Paris 1995. Et moi, quelques années plus tard, je travaillais chez ABB, à Champagne-sur-Seine. C'était le dernier bâtiment encore en activité. Tout autour, il y avait des friches sur lesquelles ont lisait "Jeumont-Schneider". Je sentais bien que c'était une impasse. Je suis parti en 2002, le site a fermé en 2003. Hasard du calendrier, cette même année, Graham et Empain étaient accusés de banqueroute frauduleuse.
Malheureusement, en France, on n'aime pas l'industrie. J'en ai déjà parlé. Les boites comme Alstom, Alcatel, Usinor ou Pechiney, on ne les évoquait que lorsqu'elles fermaient une usine. Ca m'arrive de signer des pétitions de Change.org. Ils viennent donc régulièrement me relancer. Là, c'était une mère de famille qui se plaignait d'une usine à Montreuil, située près d'une école. A l'écouter, c'était Tchernobyl. En fait, l'usine en question fait du traitement de surface pour l'aéronautique. Elle utilise des produits ne répondant pas aux normes REACH (ce qui signifie simplement qu'il faut éviter de les toucher) et elle émane du chrome, une produit cancerogène (un néologisme pour dire que peut-être, ce produit pourrait déclencher un cancer.) Cette entreprise est surtout une PME qui emploi 27 salariés et qui est sous le coup d'une procédure de sauvegarde. On pourrait croire que les gens se battraient pour les emplois... Mais non, ils veulent faire interdire les usines à proximités des écoles !
Pour beaucoup de gens, l'industrie est synonyme d'exploitation et de pollution. On préfère transformer les ZI en musées d'art contemporain (parce que les salles de concerts finissent par déranger les riverains.) L'avantage du made in China, c'est que c'est loin. On voit mal Elise Lucet interviewer les employés de Foxconn, un sous-traitant d'Apple, pas très réputé pour ses conditions de travail... Quant aux sous-traitants du textile au Bengladesh, on s'imagine qu'en leur faisant signer des chartes d'éthiques, ils vont respecter des engagements... Récemment, France 5 avait démontré que les labels sur le thé "équitable" étaient bidons. Je ne serai pas surpris qu'il en soit de même pour les engagements sur le textile... Mais le Bengladesh, c'est loin. Emmanuel Macron compare le 93 et la Silicon Valley. En apparence, la Silicone Valley, ce sont des bureaux et des laboratoires ; que de la matière grise. Le tout nouveau Campus d'Apple ne dégage pas de déchets toxiques, vu que les usines, elles sont à 10000km de là ! De plus, la Silicone Valley, ce sont des start-up. Beaucoup de PME de 10, 20, 50, 100 employés. Faute de moyens, il faut travailler 60h par semaine pour assurer 2 ou 3 jobs. Dans le meilleur des cas, le patron réussit à revendre sa boite et à s'assurer une belle retraite. Mais souvent, les boites disparaissent, comme lors de l'explosion de la "bulle internet". L'un dans l'autre, c'est très rare que vous vous retrouviez dans une entreprise pérenne, dans laquelle vous pouvez prendre votre retraite. En plus, les start-up veulent de la chaire fraiche, davantage corvéable. Les "vieux" sont marginalisés. Et l'on ne parle même pas des pauvres... Stanford et Berkeley coutent un bras. Seuls les riches blancs ont les moyens de mettre leur progéniture là et ils y croisent des "fils de" Chinois, Russes ou Indiens. Les noirs, les Hispaniques, les Philippins et les blancs pauvres restent de l'autre côté de la baie de San Francisco. Au mieux, ils sont vigiles, secrétaires ou femmes de ménage. Mais ni eux, ni leurs enfants ne travailleront dans une start-up...
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