Gilets jaunes et journalistes marrons
Les silhouettes fugaces de Gilets Jaunes à un rond-point entre Toulouse et Cahors. Les croix représentent les personnes mortes durant la mobilisation (notamment des Gilets jaunes renversés lors de blocages.)
Lors de cette mobilisation, on voit un mouvement anti-journalistes à son paroxysme. Ils sont accusés d'être les laquais d'Emmanuel Macron.
Je ne crois pas à un complot. Je ne crois pas que Patrick Drahi ou Xavier Neel -deux proches du président- valident les sujets de BFM TV ou du Monde, voire qu'ils jouent les DRH. En fait, ils n'ont même pas besoin de le faire.
Depuis des années, certains journalistes s'alarment d'un manque de diversité dans les écoles (EFJ, ESJ, Scien-Po...) Non pas de diversité ethnique et de parité, mais de diversité socio-politique. La plupart des étudiants sont issu des classes moyennes des grandes villes et ils se situent sur le centre-gauche de l'échiquier. Une fois diplômés, cela donne des NPC comme Christophe Barbier, Gérard Leclerc ou Laurent Joffrin. Ils sont proches des idées de LREM, Européistes, libéraux, anti-Trump, anti-Brexit... Sur les plateaux, les débats n'en sont plus vraiment. Les désaccords sont à la marge. Même Jean-Michel Apathie, issu d'un milieu modeste (il ne devint journaliste que sur le tard, faute de moyens et il fut longtemps serveur) se montre méprisant envers la populace. Ingrid Levavasseur, une figure des Gilets Jaunes qui songea à entrer chez BFM TV, fut accueilli par un tollé, au nom du "mélange des genres". Elle renonça finalement à ce poste.
Au mieux, ce sont des personnes dont les opinions politiques ont fini par créer un biais. Quitte à se déconnecter des réalités (cf. tous les journalistes qui n'avaient pas "vu" le Brexit ou l'élection de Donald Trump.)
Le niveau deux, c'est le militantisme actif. Il ne s'agit plus d'informer, mais d'éduquer les lecteurs pour qu'ils sachent ce qui est bien ou pas. Et de distribuer également des bons points aux politiques. En 2016, Alain Juppé, candidat à la candidature de LR pour la présidentielle, bénéficia d'une véritable bulle médiatique. Puis Emmanuel Macron eu droit à des publireportages. En 2017, sur 28 Minutes, les rubriques Bang Bang et Désintox tapaient lourdement sur Marine Le Pen et François Fillon. Avec Jean-Luc Mélenchon et Benoit Hamon, le bâton était en mousse. Quant à Emmanuel Macron, il n'a subit aucune attaque. De même, lors des débats, les protagonistes étaient essentiellement de centre-gauche ou de gauche, avec un unique contradicteur (débatteur ou invité) aux idées radicalement différentes et qui apparaissait donc comme marginal.
Le dernier niveau, c'est carrément le journaliste porte-parole de parti ou celui qui travaille dans le but d'un "renvoi d'ascenseur". Ce fut le cas de Bruno Roger-Petit ou de Le Média. Un journaliste ne doit pas être un attaché de presse ! Et cette dérive fut condamnée très, très mollement. Surtout par rapport à la levé de boucliers autour d'Ingrid Levavasseur. Alors que pourtant, il en va de la crédibilité même de la profession. Lorsqu'en septembre 2017, Libération fut aux premières loges de la critique anti-Macron, n'était-ce pas parce qu'ils reprochaient au président de les avoir "oublié" ?
A l'heure d'internet, où chacun peut créer son média, plus aucun titre n'est indispensable. Des médias comme Slate, Rue 89 ou Libération, n'ont plus aucun "bruit", car ils ne correspondent plus aux attentes de leurs lecteurs potentiels. Et la crise des Gilets Jaunes n'a fait qu'accentuer le désamour (mutuel) entre les médias et la population. RT, Reporterre et autres usines à fake news s'en frottent les mains...

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