Germinal dans le Gers
Moi, je suis arrière-petit-fils de mineur. Germinal, c'est une partie de mon histoire ! Tout en visitant la mine, j'imaginais mes ancêtres, piqueurs au fond d'un boyau dans le Nord. La descente à 10 ans, pour pousser des wagons. Puis le passage comme piqueur, avec le piolet, à débouter plusieurs tonnes de charbons chaque jour. Se marier avant 20 ans, faire 7 ou 8 enfants (qui descendront à leur tour.) Remonter à 40 ans et mourir peu après de la silicose (certains avaient les poumons si encrassés qu'ils crachaient des blocs de poussière compactée.) En admettant qu'entre-temps, on ne soit pas mort d'un coup de poussier (le grisou, c'est dans les films), d'un éboulis, d'un accident du travail mal soigné, voir écrasé par un cheval (il y en avait au fond des mines !)
Vu de 2014, ça semble être une vie de forçat. Pourtant, les mineurs étaient fiers. Bien sur, la paye était meilleure qu'à l'usine et les patrons offraient le logement. Surtout, cette ambiance virile ou le danger est permanent et les conditions de travail infernale, ça renforce l'amitié et la fraternité. Les "gueules noires", c'était une grande famille. Sans oublier que souvent, on était mineur de père en fils. Des fratries descendaient ensemble. Pour les Belges, puis les Polonais, les Italiens et plus tard, les Algériens, c'était un moyen de s'intégrer. Au point où la mécanisation et la sécurisation de l'extraction a été vécu comme une brimade. Le télévigile, qui contrôle des foreuses sur des écrans vidéos, se sentait castré.
En tout cas, moi, ensuite, quand j'ai retrouvé mon bureau lumineux au 4e étage d'un bâtiment ultra-moderne, je me suis senti privilégié. A 35 ans, je suis probablement en meilleur santé que mon arrière-grand-père à 25 ans ! C'est clair qu'on ne m'entendra jamais me plaindre de mes conditions de travail...
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