Rukihiro Takahashi (1952-2023) et Ryuichi Sakamoto (1952-2023)

A deux mois d'intervalle, deux des trois membres du Yellow Magic Orchestra sont décédés.

Le YMO, c'était d'abord un délire d'artistes : l'électro de Kraftwerk, mâtiné de city-pop japonaise. Les Japonais parodiaient aussi bien l'électro (Computer Game, Neue Tanz...), que la city-pop (Nice age, Limbo -jeu de mot avec le Pôle Emploi japonais-, You've got to help yourself...) avec une pointe de nationalisme (La femme Chinoise, Seoul music...) Un gag, oui, mais produit et réalisé avec soin.

Chacun y avait son instrument de prédilection (la basse pour Haruomi Hosono, le piano pour Sakamoto et la batterie pour Takahashi), mais tous les trois jouaient du clavier, chantaient et produisaient. Akiko Yano, l'épouse de Sakamoto était le quatrième membre (voix féminine, chœur et clavier additionnel, en concert.)

Techniquement, le YMO profita aussi de l'explosion Japonaise en matière d'instruments électronique.

Rukihiro Takahashi était le discret-batteur filiforme du YMO.

A 20 ans, en 1972, il fut approché par le producteur et guitariste Kazuhiko Kato pour un projet de glam-rock à la Japonaise : le Sadistic Mika Band. Le nom se moquait du Plastic Ono Band. Mika Fukui, l'épouse de Kato, jouant les chanteuses et vrai-faux leader du groupe.Le groupe commença par des titres au second degré, comme Time machine. Time to noodle étant lui un enchainement de tics de musiciens de glam-rock. Puis ils se prirent au sérieux et firent la première partie de Roxy Music lors d'une tournée Anglaise.

Le groupe ne dura hélas que deux albums.

Kazuhiko Kato produisit l'obscur groupe anglais Badfinger, poussant sa femme à chanter avec eux. Mauvaise idée : Mika Fukui parti vivre avec le leader, Chris Thomas. Le producteur-guitariste parti dans la foulée et les autres continuèrent, tant bien que mal.Takahashi fut le seul membre fixe des Sadistic Mika Band, Parmi les musiciens de passage, on trouve Haruomi Hosono et Ryichi Sakamoto.

En 1978, Hosono leur proposa un autre gag : un album d'électro orientalisant. Le Yellow Magic Orchestra dura finalement six ans, le temps de produire sept albums studio et de faire des tournées intrnationales. Ils annoncèrent leur séparation via un moyen-métrage, Propaganda, dont la fin inspira le clap de fin des Daft Punk.

Des trois membres, Takahashi fut celui qui fut le plus discret ensuite. Ses albums solos, dans les années 80 et 90, ne sortirent pas de l'archipel. On le vit surtout aux reformations successives des Sadistic (avec deux autres chanteuses) et du YMO. Il retrouva Hosono pour le projet Sketch Show, qui mua en HASYMO avec l'arrivée de Sakamoto.

Une tumeur maligne foudroyante l'emporta.

Ryuichi Sakamoto fut la star du YMO. Avec son visage androgyne, il était le plus photogénique.
En plein YMO, il trouva le temps de sortir un album solo, B-2 unit et d'être clavier pour les Anglais de Japan. Puis il fit un duo avec David Sylvian, son leader. En 1983, Nagisa Oshima l'appela pour créer la BO de Furyo... Mais aussi y jouer. Il campa un chef de camp, à la fois tortionnaire et amant de David Bowie. Il assura également la BO du Dernier Empereur (où il joua.) Hollywood en fit ensuite le spécialiste des BO exotiques (Un thé au Sahara, Little Bouddha...) Dans Rain de Madonna (un clip façon making of), il jouait le réalisateur.
 
Après un ultime album-studio du YMO, en 1993, il connu une vague « world ». Depuis New-York, il collabora avec Youssou N'Dour et signa un album hommage à Antonio Carlos Jobim.
 
Puis Sakamoto eu sa période « ONG » : un maxi contre les mines antipersonnel, un album contre la déforestation et un concert anti-nucléaire, dans la foulée de Fukushima... David Sylvian, Kraftwerk, Cindy Lauper et David Byrne répondant presque toujours présent.
 
Difficile de résumer une carrière prolifique avec au moins un album par an. Il ne s'offrit une pause qu'en 2014, pour cause de cancer. Puis il reprit son activité.
Il ne survécu pas à un second cancer.

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