Z comme... Président ?
Eric Zemmour est l'évènement de la rentrée. L'éditorialiste a un nouveau livre. Dans Le bûcher des vaniteux, il souhaitait souffler des idées à Nicolas Sarkozy. Dans Le suicide Français, c'était à Marine Le Pen qu'il proposait ses services. Cette fois-ci, Eric Zemmour veut lui-même se joindre à la bataille. La posture, devant le drapeau, ressemble à un tract d'enveloppe électorale, voire à un portrait Élyséen.
Le CSA voulait le museler et ce fut un formidable effet Streisand : il a fait le tour des radios et TV pour évoquer sa censure. C'est aussi l'effet culbuto : plus on souhaite le critiquer (comme sur les prénoms ou le rétablissement de la peine de mort), plus il consolide sa base électorale. Eric Zemmour ayant bâti son image sur l'impertinence (voire la provocation) et le côté "ennemi public N°1 des bien-pensants". Au lieu de lui barrer la route, les mutins de Panurge étayent son discours.
Il est crédité de 10% d'intention de vote dans les sondages, à la faveur d'un buzz favorable (euphémisme.) Et ensuite ? Il y a quatre scenarii, chacun étant une variante de l'autre.
1) Une campagne, c'est un épreuve terrible. Écrire un livre, se faire mousser dans des universités d'été et des séances de dédicace, c'est bien. Mais Eric Zemmour osera-t-il se jeter dans l'arène ? Car l'homme est pétri de contradictions, d'amitiés douteuses, etc. Face à de vrais contradicteurs, ça sera plus compliqué. Sans oublier les moyens techniques et financiers. Il pourrait décider de jeter l'éponge. Le risque, c'est d'être un "ex-futur", comme Coluche en 1981 ou Jacques Delors en 1995. La campagne 2022 se passera sans lui. De plus, la déception de ses supporters se changera en colère. Et lorsqu'en 2023, il sortira son nouveau livre, on lui répondrait : "Si t'es si malin, tu n'avais qu'à y aller." Même Coluche, le comique le plus populaire du début des années 80, avait connu une traversée du désert.
2) Entre 6% et 9% au premier tour. Actuellement, Eric Zemmour creuse son sillon sur le "je suis réactionnaire et je m'en vante." Néanmoins, quid de sa politique économique ou fiscale, au-delà des bons mots ? Son programme possède de nombreux angles morts. Quid de son équipe ? Patrick Buisson, Ivan Rioufol et Gilles-William Goldnadel, ça ne fait pas un gouvernement ! Eric Zemmour n'a pas de parti et pu d'alliés déclarés. Le risque, ce serait donc d'un candidature des "anti-tout". Avec des intentions de votes qui s'éroderaient au fil de la campagne, tandis que d'autres candidats émergeraient sur certains sujets qu'il ne traite pas. Ce fut le cas de Jean-Pierre Chevènement en 2002 et de Jean-Luc Mélenchon, en 2012.
3) Le troisième homme. La peur d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, ça serait un Eric Zemmour à 15%. Il serait capable de jouer les arbitres et de monnayer son soutien au second tour. Aujourd'hui, aucun parti -de droite ou de gauche- ne dispose d'un leader incontesté (sauf à s'abstenir de primaire, comme au RN, à LREM et à LFI), de cadres près à suivre leurs leaders et de bataillons de militants acquis à la cause. Les primaires du PS, de LR et d'EELV furent émaillées de sifflets. Eric Zemmour pourrait capitaliser sur ce chaos. En 1995, Edouard Balladur avait forcé Jacques Chirac a opter pour le centre (sa fameuse "fracture sociale".) En 2007, François Bayrou avait poussé Nicolas Sarkozy sur la droite. Les médias portèrent à bout de bras Ségolène Royal au second tour, où elle implosa. 2022 pourrait voir une qualification au finish pour le second tour, avec une finale très disputée.
4) Le couronnement. "Réunir ceux qui craignent le grand remplacement et ceux qui craignent le grand déclassement." Eric Zemmour rêverait de mobiliser autour de lui ; être le Donald Trump Français. A LR et au RN, certains cadres seraient près à changer de camp. Le cas d'Emmanuel Macron prouve que quelqu'un peut être porté par le dégagisme. Un second tour Macron-Zemmour serait un cauchemar pour le président sortant. Il serait incapable de rivaliser lors du débat télévisé.
Après, encore une fois, il y a pas mal de "si". Une campagne, c'est long et le terrain sera miné...
Le CSA voulait le museler et ce fut un formidable effet Streisand : il a fait le tour des radios et TV pour évoquer sa censure. C'est aussi l'effet culbuto : plus on souhaite le critiquer (comme sur les prénoms ou le rétablissement de la peine de mort), plus il consolide sa base électorale. Eric Zemmour ayant bâti son image sur l'impertinence (voire la provocation) et le côté "ennemi public N°1 des bien-pensants". Au lieu de lui barrer la route, les mutins de Panurge étayent son discours.
Il est crédité de 10% d'intention de vote dans les sondages, à la faveur d'un buzz favorable (euphémisme.) Et ensuite ? Il y a quatre scenarii, chacun étant une variante de l'autre.
1) Une campagne, c'est un épreuve terrible. Écrire un livre, se faire mousser dans des universités d'été et des séances de dédicace, c'est bien. Mais Eric Zemmour osera-t-il se jeter dans l'arène ? Car l'homme est pétri de contradictions, d'amitiés douteuses, etc. Face à de vrais contradicteurs, ça sera plus compliqué. Sans oublier les moyens techniques et financiers. Il pourrait décider de jeter l'éponge. Le risque, c'est d'être un "ex-futur", comme Coluche en 1981 ou Jacques Delors en 1995. La campagne 2022 se passera sans lui. De plus, la déception de ses supporters se changera en colère. Et lorsqu'en 2023, il sortira son nouveau livre, on lui répondrait : "Si t'es si malin, tu n'avais qu'à y aller." Même Coluche, le comique le plus populaire du début des années 80, avait connu une traversée du désert.
2) Entre 6% et 9% au premier tour. Actuellement, Eric Zemmour creuse son sillon sur le "je suis réactionnaire et je m'en vante." Néanmoins, quid de sa politique économique ou fiscale, au-delà des bons mots ? Son programme possède de nombreux angles morts. Quid de son équipe ? Patrick Buisson, Ivan Rioufol et Gilles-William Goldnadel, ça ne fait pas un gouvernement ! Eric Zemmour n'a pas de parti et pu d'alliés déclarés. Le risque, ce serait donc d'un candidature des "anti-tout". Avec des intentions de votes qui s'éroderaient au fil de la campagne, tandis que d'autres candidats émergeraient sur certains sujets qu'il ne traite pas. Ce fut le cas de Jean-Pierre Chevènement en 2002 et de Jean-Luc Mélenchon, en 2012.
3) Le troisième homme. La peur d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, ça serait un Eric Zemmour à 15%. Il serait capable de jouer les arbitres et de monnayer son soutien au second tour. Aujourd'hui, aucun parti -de droite ou de gauche- ne dispose d'un leader incontesté (sauf à s'abstenir de primaire, comme au RN, à LREM et à LFI), de cadres près à suivre leurs leaders et de bataillons de militants acquis à la cause. Les primaires du PS, de LR et d'EELV furent émaillées de sifflets. Eric Zemmour pourrait capitaliser sur ce chaos. En 1995, Edouard Balladur avait forcé Jacques Chirac a opter pour le centre (sa fameuse "fracture sociale".) En 2007, François Bayrou avait poussé Nicolas Sarkozy sur la droite. Les médias portèrent à bout de bras Ségolène Royal au second tour, où elle implosa. 2022 pourrait voir une qualification au finish pour le second tour, avec une finale très disputée.
4) Le couronnement. "Réunir ceux qui craignent le grand remplacement et ceux qui craignent le grand déclassement." Eric Zemmour rêverait de mobiliser autour de lui ; être le Donald Trump Français. A LR et au RN, certains cadres seraient près à changer de camp. Le cas d'Emmanuel Macron prouve que quelqu'un peut être porté par le dégagisme. Un second tour Macron-Zemmour serait un cauchemar pour le président sortant. Il serait incapable de rivaliser lors du débat télévisé.
Après, encore une fois, il y a pas mal de "si". Une campagne, c'est long et le terrain sera miné...
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