Autojudéographie
Dans les années 80, c'était la mode des "livres dont vous êtes le héros". Des livres où à chaque paragraphe, il y avait plusieurs possibilités et vous pouviez ainsi choisir la suite de l'action. Voici un autre genre de livre dont vous êtes le héros : un livre sur ma famille ! Les protagonistes sont mes ascendants. Et l'auteur, c'est Robert Jacky Ouaknine, mon oncle.
Dès la fin des années 70, il avait enquêté sur nos origines. Je le comprends. Dans les films, vous avez toujours des tablées à rallonge avec des cousins, des oncles, des tantes. Quand j'étais petit, pour les fêtes, on était à peine assez nombreux pour former une équipe de basket ! Pourquoi est-ce qu'on n'avait pas de grandes tablées ? On était les seuls Ouaknine sur terre ? J'ai posé des questions à ma grand-mère, lorsque je la sortais vers 2005.
Ce n'était pas facile d'obtenir des réponses. Mon arrière-grand-père -son père- était déjà âgé lorsqu'il s'est marié et ma grand-mère était l'une des benjamines. En prime, les histoires familiales, c'était des "histoires d'hommes". Ma grand-mère était priée de rester à l'écart. Mon grand-père est mort 4 ans avant ma naissance. En plus, il s'était fâché avec son père. C'était autant de murs.
Mon oncle, lui, il a été plus loin. Il a enquêté. Il a rencontré des cousins éloignés, des gens de la génération de mes grand-parents, avant qu'ils ne s'éteignent.
C'est tout le premier chapitre. Pour paraphraser William Sheller, ce n'est pas un livre de plus, non, c'est mon histoire.
Dans le second chapitre, Robert évoque sa jeunesse. Celle d'un immigré de deuxième génération. Entre jouer à fond l'intégration pour devenir plus Français que les Français ou se considérer comme une enclave étrangère en terre de France, un isolat, mes grand-parents ont choisi de ne pas choisir ! Mon oncle s'est donc demandé qui il était et vers quoi il allait. Se sentir tiraillé de toutes parts. Puis la maladie mortelle de son père -mon grand-père-. Puis, ensuite l'accident mortel de mon autre oncle, Joël. Une entrée brutale dans l'âge adulte avec l'envie de construire sa propre famille. C'est le thème de la dernière partie. Avec pour point d'orgue cette fête pour les 30 ans de Joël. Puis la mort de ma grand-mère, la matriarche de la famille.
Il y a des histoires de famille qu'il a préféré taire. Je le comprends. Je comprends aussi qu'il s'est mis au centre de l'action. La première mention de mon prénom, c'est en page 200 et j'avais déjà 36 ans à l'époque ! Après, c'est son livre, pas le mien.
Il y a des histoires de famille qu'il a préféré taire. Je le comprends. Je comprends aussi qu'il s'est mis au centre de l'action. La première mention de mon prénom, c'est en page 200 et j'avais déjà 36 ans à l'époque ! Après, c'est son livre, pas le mien.
Écrire ma propre autobiographie ? J'aurais peur de n'avoir que du très banal à raconter. Je préfère n'écrire qu'à propos d'épisodes cocasses. On a 28 ans d'écarts, donc ça me laisse 28 ans plus publier mon autobiographie ! Et j'espère que d'ici-là, il m'en sera arrivé des choses... En tout cas, je vais tout faire pour...
Moi, je suis de la troisième génération, je me sens Français, point. Je suis également complètement athée.
Il y a une dizaine d'années, une femme m'avait offert une calligraphie chinoise. Il s'agit d'une maxime de Huang Di, l'empereur Jaune. Il avait consolidé son royaume dans la douleur et pour se souvenir des temps difficiles, il mangeait des herbes amères. Il y a ainsi écrit "manger des herbes amères pour se souvenir des temps difficiles". C'est à dire exactement le Maror, l'un des plats du Séder !
Du coup, je l'ai déroulé et affiché. Et donc, cette calligraphie Chinoise est paradoxalement l'élément qui rappelle le plus le judaïsme, parmi mes objets...
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