L'univers des maquettes Bandai

 

La Maison de la culture du Japon à Paris organise une mini-exposition sur les maquettes Bandai. Les maquettes de robots, ce n'est pas mon truc. Mais à entendre la réaction de quelques proches, un tel rassemblement de Gunpla est rare...

Dans les années 70-80, les dessins animés s'adressaient plutôt aux tout-petits. La télévision était regardé avec suspicion. Le procès en crétinisme ou en immoralité n'était jamais loin. Alors les dessins animés montraient patte blanche. Le gentil triomphait, la violence ou la cupidité n'étaient pas récompensées, etc. Et pas question d'être des marchands du temple ! C'était à peine s'ils commercialisaient un 45 tours du générique !

En 1932, Kay Kamen proposa à Disney un contrat inédit de produits dérivés. Les deux parties tâtonnèrent beaucoup. En 1949, Kamen fut l'une des victimes du crash d'un avion de ligne, aux côtés de Marcel Cerdan. Disney venait de mettre fin à son très lucratif contrat, pour voler en solo. Bientôt chaque dessin animés allait avoir ses produits dérivés : jouets, disques, vêtements, puis hamburgers, cassettes/DVD, jeux vidéos, etc. Pour les Américains, les enfants sont des clients comme les autres. S'ils veulent des produits autour de leurs héros préférés, il faut le leur fournir ! Voir les inciter à acheter (ou à se faire payer) ces produits, à coup de pubs.

Les Japonais furent influencés par l'approche Américaine. Lancé en 1979, le dessin animé Gundam fut d'emblée décliné en maquettes. Le studio Sunrise profita à plein du merchandising. La série ne fut diffusée aux Etats-Unis que dans les années 2000 et sauf erreur, en France, on n'a jamais connu de Gundam sur petits ou sur grands écrans. Pourtant, en terme financiers, c'est un pilier de l'anime.

Tout à l'heure, j'ai parlé de maquette de robots. En fait, les Gundam sont des espèces exosquelettes géants ou "mecha". Il y a une personne à l'intérieur du robot. Les Gundam sont des engins armés qui se battent pour la liberté. 

"Gundam" est ainsi la contraction de "gun-freedom". Yoshizuki Tomino, le créateur, trouvait qu'en katakana, ガンダム (Gundam) était plus joli que ガンドム (Gundom.) Va donc pour Gundam !

Fait rarissime, l'anime Gundam n'est pas l'adaptation d'un manga. Le manga n'est arrivé qu'a posteriori.

Pour la petite histoire, en 2007, six fonctionnaires du ministère japonais de l'agriculture ont été réprimandés. Ils passaient leurs journées à éditer Wikipédia. L'un des six créait et éditait des articles autour de Gundam.

Et le terme de "jouet" est aussi, très réducteur. Les Gundam sont vendus sous la forme de maquettes à assembler.

Les maquettes sont apparus à la fin des années 30. c'était un moulage plastique, à découper au cutter. Le maquétisme connu son âge d'or dans les années 50, 60, avec Heller en France, Airfix en Grande-Bretagne, Monogram aux Etats-Unis... Mais ça avait un côté vieux garçon, comme le modélisme ferroviaire ou les dioramas.
Les Japonais Fujimi et Tamiya dépoussiérèrent cela avec des modèles plus cools. Mais jusqu'ici, les éléments principaux du modèle étaient d'une seule couleur (à peindre ensuite.)
Bandai développa l'idée de fournir des éléments de plusieurs couleurs. Plus besoin de les peindre !

Bandai prit une licence pour Gundam, à la création du dessin animé, en 1979. Les Gunpla (contraction de Gundam et plastique) eurent davantage de succès que le dessin animé lui-même ! Et c'est grâce à cela que l'on parle encore de Gundam, 45 ans après.
Notez que Bandai finit par racheter le studio Sunrise ! 

Et lorsque l'on parle de maquettes, ne pensez pas qu'il s'agit de maquettes à assemblage rapide, sans colle, ni peinture... Dans l'exposition, il y a justement plusieurs planches pour vous expliquer comment assembler votre Gundam en vous amusant ! Il faut découper délicatement les pièces à la pinces, ébavurer et poncer les défauts de moulage, positionner les décalcomanies dans des endroits spécifiques, peindre les détails... Tout cela pour obtenir un robot extrêmement fragile et qui tient à peine debout tout seul !

N'empêche j'aurais volontiers affiché ces planches chez mes fournisseurs Chinois ! Histoire qu'ils comprennent le concept de finition...

Gundam, c'était censément une série pour adolescents. Les mechas sont des métaphores de la puberté : le corps qui se transforme, qui devient plus puissant... On peut aussi y voir une parabole sur un Japon en pleine transformation. La lutte entre le Japon traditionnel et l'influence occidentale.

En tout cas, la série plu surtout aux adultes masculins, les fameux otaku. Bandai réagit en proposant des Gunpla toujours plus grands, toujours plus complexes à assembler... Et toujours plus chers !

En France, pour les plus vieux, Bandai cela évoque les GoBots. On se souvient aussi que Bandai a un temps distribué les consoles Nintendo.

Dans les années 90, comme beaucoup, Bandai a cru que les jouets traditionnels avaient vécu. Il tenta de concevoir une console avec Apple. Un flop. Puis il y eu l'OPA amicale sur Sega. Second flop. Finalement, en 2005, Bandai fusionna avec Namco.
Pendant tout ce temps, ce furent les bons vieux jouets qui permirent à Bandai de survivre. Depuis, le fabricant décline le concept des Gunpla sur diverses licences :

Cette exposition est donc surtout une opération de promotion de Bandai. Et bien sûr, dans la boutique de la Maison de la culture, on trouve des boites de Gunpla. 80€, tout de même !

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