L'âge du capitaine Américain
Les Républicains attaquent volontiers le président sortant sur sa santé physique et mentale. On l'a vu s'assoupir en public ou sembler parfois un peu perdu. Sans oublier des speechs improvisés parfois très incohérents... L'entourage de Biden préfère parler de "gaffes".
Mais le problème est plus large, dans les deux partis. Au début des années 90, les baby-boomers du Parti Démocrate profitèrent de l'échec de leurs ainés pour prendre le pouvoir et se faire élire. Les baby-boomers du Parti Républicain firent de même, une dizaine d'années plus tard. Or, ils se sont agrippés à leur siège depuis. Dianne Feinstein (90 ans) a été filmée errant au sénat. Elle a finalement accepté de ne pas se représenter. Mitch McConnel (81 ans) a eu deux malaises en plein speech. Et à voir la réaction placide de son cabinet, il a eu d'autres malaises hors-caméras. Nancy Pelosi (83 ans) est elle parti en vrille en pleine réponse à une question de journaliste.
CNN a demandé l'opinion de Patti Davis (à droite), journaliste et surtout fille de Ronald Reagan. Sa réponse fut à la fois déconcertante et intéressante. Beaucoup de relativisme, de "oui, mais" et autres "il est urgent de ne rien faire"...
Le baby-boom fut une révolution sociologique et démographique sans précédent, en occident. Une classe d'âge toujours marquée par le dynamisme. Une fois à la retraite, pas question de jouer les papys à moustache et casquette ou les mamies lisant Nous deux et faisant des confitures pour ses petits enfants ! Il est vrai que grâce aux progrès de la médecine et à une meilleure hygiène de vie, un septuagénaire de 20023, est en meilleure forme qu'un sexagénaire des années 90 ou un quinquagénaire des années 50. Patti Davis cite l'exemple des tournées mondiales de Mick Jagger (80 ans) et de Paul McCartney (81 ans.) Moi-même, en mai dernier, j'ai vu Jacky Ickx (78 ans) piloter une F1 à Magny-Cours !
Oui, mais on ne peut pas repousser éternellement les aiguilles du temps. L'âge finit par faire son effet et la santé, à se dégrader. Les baby-boomers sont désormais des êtres fragiles. Ils veulent que la société s'adapte à eux. Sauf qu'ils ne sont pas seulement vulnérables, ils peuvent représenter un danger pour autrui et pour eux-mêmes. C'était le débat autour du Covid et du confinement. C'est aussi au cœur du débat sur un éventuel "permis de conduire senior".
Or, les baby-boomers nient cette fragilité. Ils ont été fringants toute leur vie, ils ne sont pas près pour l'EPHAD ! A 70 ans, Patti Davis, porte cette opinion. Elle traite de raciste anti-vieux ceux qui comparent le sénat US à une maison de retraite. Elle en profita pour nier que son père ait contracté la maladie d'Alzheimer durant son mandat.
Aux Etats-Unis, non seulement les baby-boomers sont nombreux, mais ils votent massivement. En 2008, il représentait 61% du corps électoral. En 2020, ils n'étaient "que" 44% des électeurs. Aucun homme politique ne voudrait s'aliéner 44% des électeurs !
Donc on caresse l'électorat dans le sens du poil. On entretien le mythe de la jeunesse éternelle. Les pubs pour le troisième âge sont édifiantes : "Les problèmes d'audition, les pertes de mémoire ou les fuites urinaires, ça arrive aussi aux jeunes !" Comment aider des proches âgés, si tout le monde leur dit qu'ils sont jeunes ?
Aussi, cela renforce une haine anti-vieux. C'est le "ok, boomer" des 15-25 ans. Haine qui s'adresse à tous ceux qui sont plus vieux qu'eux...
Enfin, Mick Jagger et Paul McCartney, ce sont des rockers. On ne parle pas d'Hommes politiques avec une charge de travail quotidienne. Et qui, surtout, dirigent la première puissance mondiale. Le risque évident, c'est qu'en coulisse, derrière chaque élu qui sucre les fraises, il y ait des individus (conseillers, lobbyistes...) qui imposent leurs vues...
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