Bagatelle

La culture automobile, ce n'est pas que des garages, des circuits et des usines !
 
Je connais très mal l'ouest parisien. Mais lorsqu'on m'a demandé si je connaissais un lieu où se promener, j'ai répondu du tac-au-tac : le jardin de Bagatelle !
C'est un lieu sympa. J'emploie le mot "sympa" à dessein. Les origines du site remontent au moins à la fin du XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, c'était là que Louis XV et quelques proches venaient rencontrer des filles légères (d'où le nom.) Laissé à l'abandon, il fut reconstruit par le comte d'Artois, un proche de Marie-Antoinette. D'où le nom de "Folie d'Artois". Au XIXe siècle, le marquis d'Hertford modifie radicalement le lieu. Richard Wallace, son fils, crée le jardin. Puis la ville de Paris le reprend. Chaque propriétaire a mis sa patte, mais la mairie gèle tout.
Aujourd'hui, on a un jardin typique du XIXe siècle avec sa chinoiserie, ses allées droites, ses cascades et son lac très artificiel. Ma vision personnelle de la nature, c'est quelque chose de plus vivant. Où l'on laisse davantage sa place à la nature. Et puis, c'est dommage de donner un style aussi guindé à un ancien lieu de plaisirs... Les bâtiments ont été restaurées à la fin du XIXe, dans un style XVIIIe-tel-qu'on-l'imaginait-au-XIXe. En bref, c'est sympa, sans plus.
 
Si je le connais, ce jardin, c'est à cause du concours d'élégance. La première édition avait eu lieu en 1989. Le magazine Automobiles Classiques voulait créer un "Pebble Beach à Paris". De vieilles et rutilantes grosses cylindrées (souvent celles de Pebble Beach) étaient exposées, statiques, sur les pelouses. Pendant ce temps, propriétaires et pipoles buvaient du champagne dans le carré VIP. J'avais assisté à la deuxième édition, avec mon père. Puis chaque année, j'essayais d'y pousser mon père ou ma mère. C'était un évènement grand public. Des constructeurs comme Renault ou Chrysler ont vite compris l'intérêt et ils sont venus avec des concept-cars modernes. C'était le rendez-vous incontournable de l'automne. Hélas, Automobiles Classiques, c'était un peu le Actuel de la presse auto : un très beau titre, mais perpétuellement déficitaire. Un énième repreneur a décidé d'arrêter Bagatelle.
En 2014, Patrick Peter a recréé un simili-Bagatelle, au domaine de Chantilly. Je n'y suis jamais allé. Une partie de la presse vient par autocars entiers. Des gens qui ne vont jamais à Rétromobile, au Tour Auto ou à Montlhéry, mais qui se prennent pour Jeremy Clarkson. "Sur votre gauche, une Jaguar Type D qui a gagné six fois Le Mans. - Six fois Le Mans, je le note dans mon article..."
Il y a tellement d'imposteurs dans la presse auto... Mais de ce que j'ai vu, il y en a aussi dans la culture, la mode, la politique... Des gens qui ne vont nul part si ce n'est pas dans Paris intra-muros et s'il n'y a pas des petits fours. Ou alors, comme à Chantilly, il faut les prendre par la main. Beaucoup de blogueurs ont comme moi, une activité professionnelle. Ils n'ont pas besoin de jouer les piques-assiettes. En théorie, ils font cela par passion, donc ils devraient profiter de leurs moyens pour faire de l'inédit. Pourquoi est-ce que cet "inédit" est l'exception et non pas la norme ? Les gens se font balader, d'opération de promo en opération de promo. Les interview se limitent à des junket. La source, c'est le communiqué de presse. De toute façon, beaucoup préfèrent se coucher que de ne pas être invité, la prochaine fois. Il n'y a plus de médias incontournables. Plus de "A-list". Du moins, celle du jour ne sera pas celle utilisée 3 mois plus tard. Je ne mets pas tout le monde dans le même panier. Mais dans l'auto, il y a des gens que je ne veux plus croiser.

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