Jean-Pierre Bacri (1951-2021)
Je comptais parler de ce DVD. Le sens de la fête m'avait moyennement plus. Dire qu'en ces temps de Covid, les histoires de célébration, de communion, ça me semble aussi proche que les documentaires sur la vie des bushmen. Et c'est peut-être pour cela qu'il m'a moyennement plus.
Ce sera donc le dernier grand rôle de Jean-Pierre Bacri. Sa dernière blague, à lui qui incarnait la déprime au cinéma, ce fut de partir le jour de "Blue monday".
Jean-Pierre Bacri eu plusieurs vies. Il est né dans une Algérie encore française.
Il grandit ensuite à Cannes, où il fraya avec l'extrême-droite. En mai 68, il dispersait avec un tuyau d'arrosage les trois manifestants solidaires avec Paris. Il en rigolait, beaucoup plus tard.
Bacri monta à Paris et tenta de devenir acteur. Au début des années 80, il eu des petits rôles : Le grand pardon, Subway, L'été en pente douce... Calvitie précoce, air sévère, Bacri fait plus vieux que son âge. C'est au théâtre, dans une pièce de Jean-Michel Ribes, qu'il rencontra Agnès Jaoui.
Ensemble, ils écrivirent Cuisines & dépendances. Puis il y eu Un air de famille, que j'ai eu la chance de voir au théâtre. L'enfer, c'est les autres ! Le tandem Bacri-Jaoui écrivait des pièces ensuite adaptée au cinéma, avec eux-mêmes dans les rôles titre. Un travail artisanal. D'ailleurs, personne ne sait que Jean-Pierre Bacri signa également le scénario de Smoking/No Smoking d'Alain Resnais.
La reconnaissance fut pour 1997 avec Didier, d'Alain Chabat. On y découvrait ce personnage de misanthrope désabusé, mais à l'humour acerbe. Il en interpréta une variante dans On connait la chanson et dans Kennedy et moi. Consécration : il eu son guignol.
L'apogée du tandem Bacri-Jaoui, ce fut Le goût des autres. Rétrospectivement, j'ai trouvé le duo très suffisant. Le personnage de Jean-Pierre Bacri, un patron de PME, y était décrit comme un gros beauf. Une actrice de théâtre de province lui donnant des leçons en bon goût. Cela annonçait un virage politique ; le tandem rejoignant la troupe des artistes en remorque du PS.
Côté cinéma, ce n'était plus ça. Le public aimait le Jean-Pierre Bacri bougon, il ne voulait pas le voir dans un autre rôle. Dans Le sens de la fête, il retrouvait justement les habits d'un râleur, toujours une vanne au bout des lèvres.
Encore un qui va nous manquer.
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