Choky

Aujourd'hui, nous allons parler de chocolat chaud, avec Choky. Un nom qui évoque les troquets d'autrefois...

Je précise que non, ce n'est pas un post sponsorisé !

"Au café de l’aéroport de Beauvais, tout n’est que sachets que l’on déchire et que l’on mélange à de l’eau bouillante. Ça me rappelle le Choky, cet ersatz de chocolat au lait que préparaient les cafetiers. Moi, je me suis contenté d’un express. On me sert une espèce de jus noir dans un minuscule gobelet en carton. En vitrine, il y a des espèces de pâtes feuilletées en arc de cercle. D’ordinaire, Wei possède un goût immodéré pour les croissants. Mais là, ça ne lui fait vraiment pas envie. Tandis que l’on prépare nos commandes, j’explique à Li, qu’avant, le dimanche après-midi, il n’y avait rien du tout d’ouvert, surtout à la campagne. Mes parents aimaient justement passer des dimanches à la campagne. On allait visiter un château ou une église quelconque. Puis, faute de mieux, on finissait au troquet du village, avec son flipper, ses tables en formica et son odeur de tabac froid. Mon père commandait un demi, ma mère prenait un thé Lipton et moi, j’avais droit à un Choky. C’était mon moment préféré de la journée. Même si ça avait un goût de Nesquik à la flotte - ce que c’était, d’ailleurs - et que c’était trop sucré. Même si la grosse tasse en faïence bon marché (fournie par la marque aux cafetiers) pesait une tonne pour des mains d’enfant. (...)
Accessoirement, il n’y a que les Français pour s’accrocher à des sensations d’enfance. C’est d’ailleurs le fond de commerce de Georges Perec et Philippe Delerm. On est vraiment un peuple de romantiques. En France, il n’y avait que dans les cafés que vous trouviez du Choky, ainsi que du Gini, du Tropico ou du Cacolac. Et c’étaient des boissons pas terribles. Elles ont quasiment disparu. C’était un bon moment de notre enfance. Mais je ne sais même pas si aujourd’hui, je serais capable de boire une tasse entière de Choky."
Effectivement, jusqu'aux années 90, hors des grandes agglomérations, l'offre en restauration se limite souvent à un bar-tabac-brasserie. Ces troquets accueillaient donc des familles. Il y avait donc tout un marché des boissons non-alcoolisées : le sous-Sprite Gini (filiale de Perrier), le lait chocolaté Cacolac et le chocolat instantané Choky. Pas besoin de lait. Les cafetiers versaient la poudre, puis ils déversaient l'eau sous pression du percolateur dessus. J'imagine que le nom était censé faire anglo-saxons... Le Choky appartenait alors à la société Jérôme. Cette dernière eu l'idée de se diversifier avec le très chimique jus d'orange Tropico.
En 1982, l'Américain Beatrice Foods racheta Choky. Beatrice Foods se contenta de développer l'entreprise. Tropico eu droit à des pubs TV (signées Thierry Ardisson.) Tandis que les VRP de Choky distribuèrent des tasses en faïence et des plaques publicitaires en plastique. Entre temps, Beatrice avait été racheté par KKR. L'essentiel des activités d'agroalimentaire avait été revendu à Parmalat, mais pas Choky. En 1993, Choky/Tropico s'offrit une troisième marque : Funtea, un thé glacé.
En 1995, Unilever reprit Choky. Il s'agissait surtout de profiter de son réseau pour implanter Lipton Ice Tea. Le secteur était en pleine mutation, avec le développement des fast-foods et des restaurants en franchise. Les troquets perdaient leur clientèle familiale. Qui plus est, des acteurs comme France Boissons ou Olivier Bertrand Distribution avaient une force de frappe sans pareil. Ils pouvaient proposer aux cafetiers et restaurateurs toute une gamme de produits, alcoolisés ou non, chauds ou froids. En 1998, un nouveau-venu, Chocoletto accusa Choky de lui barrer la route des cafetiers... Mais peu après, Lindt accusa Chocoletto de contrefaire sa marque Chocoletti !
En 2002, Unilever vendit Choky a un obscur fond d'investissement. Les Cafés Folliet rachetèrent Choky, pour compléter leur offre, en 2005. Cela signifia le départ en retraite de Patrick Grenthe, l'inamovible PDG de Choky.


Le Choky n'a jamais été vendu en grandes surfaces, contrairement à Gini et Cacolac. Il n'a pas non plus eu de campagne de pub TV ou de slogan accrocheur. "Buvez Choky", ce n'était pas hyper-original ! Les sachets étaient vendus tel quel, sans aucun packaging.
Autour de moi, personne ne connaissait Choky. Par contre, sur internet, on trouve volontiers les tasses en faïence. Faire rare : il s'agit de tasses pour ambidextres. Quel que soit le côté dont vous tenez l'ance, vous verrez le nom de la marque !

Café Folliet a revendu Tropico à Coca-Cola, mais il s'est gardé Choky. Pour acheter du Choky, il faut être un professionnel du CHR. Le MOQ, c'est 100 sachets. Mais Café Folliet est généreux sur les échantillons.
Notez qu'un petit malin revend les sachets à l'unité sur Amazon.

Première nouveauté : il y a un packaging. Un masque Africain avec une silhouette de la côte Africaine... L'ex-pseudo chocolat instantané US, joue désormais la carte ethnique.


En 2024, il n'y a plus beaucoup d'enfants dans les troquets. Cafés Folliet semble plutôt viser une clientèle de jeunes femmes. D'où des visuels de femmes savourant sa boisson avec le slogan : "Dégustez Choky, l'instant chocolat."

Dans mes souvenirs, le Choky était une boisson très sucrée.
La procédure reste la même : déchirer le sachet et verser de l'eau bouillante dessus. La bonne surprise, c'est un arome très cacaoté et moyennement sucrée. Le liquide est assez épais et il laisse du dépôt sur la tasse. L'effet est plutôt bluffant, avec un vrai chocolat chaud onctueux, digne des tables Viennoises !


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