Saïd Taghmaoui, profession : djihadiste (au cinéma)


Par cette chaleur, les options du samedi soir sont limitées. Sortir dehors, c'est se transformer en torche humaine. Quant aux endroits climatisés, ils sont pris d'assaut. Donc, ce fut soirée TV. Au hasard du zapping, je tombe sur une série-TV typique de la TNT. Une histoire de service de renseignements, dont la base en opération (une fermette Algérienne) est attaquée par AQMI. La plupart des assaillants sont muets et masqués (histoire qu'on ne voit pas qu'ils sont blonds aux yeux bleus.) Les autres passent leur temps à crier des invectives en arabe. Surprise : Saïd Taghmaoui y joue un rôle de kamikaze.
 
Que vient faire le Saïd de La Haine dans une telle série ? C'est parce qu'il s'est reconverti dans une carrière de "méchant" de série B.
Historiquement, les bisseries ont d'abord adoré les personnages de nazis en exil. A tort ou à raison, le public pensait que des divisions entières de nazis s'étaient planqués en Amérique du Sud, à la fin de la guerre. Qui plus est, il représentait le summum de l'ignominie. D'où des histoires de héros, traversant la jungle et tombant sur des nazis qui préparaient le IVe Reich. C'était crédible dans les années 50-60, voir 70. Forcément, ensuite, les nazis étaient trop vieux pour être une vraie menace. Vint alors la figure du Soviet, comploteur et sans pitié (y compris pour ses pairs.) Avec ses variantes (Cubains, Vietnamien, Chinois...) Avec la chute du Mur, les actionners manquaient de "méchants". Il fallait se contenter de narco-trafiquants (à la belle époque de Pablo Escobar) ou d'âmes perdues de l'ex-KGB. Puis il y eu le 11 septembre 2001. La figure du djihadiste apparu alors. C'était un méchant facilement identifiable et réputé sans scrupules. En plus, les spectateurs réclamaient du film où l'on zigouille du barbu par paquets de 12.
La fiche IMDB de Saïd Taghmaoui est éloquente. Après La Haine, il a du se contenter de rôles "d'Arabe de service" à la TV (de la simple figuration.) Il a tenté la traversée de l'Atlantique. Sa pratique de l'arabe et son visage d'ancien boxeur lui valurent un rôle d'officier Irakien dans Les rois du désert. Après le 11 septembre 2001, Hollywood recruta de l'Arabo-musulman pour des actioners. Qu'importe si vous étiez Iranien ou Turc; seul le faciès comptait. Les rôles se multiplièrent. Cette fois, il était le "super-méchant" ; incarnant tour à tour Maghrébins, Palestiniens ou Afghans. L'ex-figurant avait désormais droits à de vraies scènes avec des dialogues. Une reconversion qui semble lui plaire.

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