Béton-sur-Marne


Un anonyme a déposé ces affichettes sur l'un des nombreux chantiers de ma ville. Et je ne peux qu'être d'accord avec ces mots simples : ma petite ville de banlieue a été vendue aux promoteurs.

 
Années 2000 :
Ma ville était un de ces bourgs de petite ceinture parisienne.
Vous aviez encore des zones industrielles, mais elles étaient plutôt en friche. Les barrières empêchaient les camions de man½uvrer. Les nationales étaient déclassées, avec des zones 30 dans les villes voisines. Enfin, l'explosion des loyers devenait mortifère pour les activités à faible marge (entreposage, garages, industries low-tech, etc.) Les fabriques et entrepôts fermaient un à un, pour le plus grand bonheur des promoteurs.
Il y avait aussi ces grandes maisons. Des cadres supérieurs les avaient construits durant la première moitié du XXe siècle. On en était à la deuxième ou troisième génération de propriétaires. Souvent des personnes très âgées. Lorsque vous vivez dans un manoir avec 10 chambres, vous avez tendance à faire 10 enfants. Après, cela fait 10 héritiers et aucun n'a forcément les moyens de racheter les parts des 9 autres. Surtout que ces maisons étaient peu entretenues : il fallait refaire l'isolation, l'électricité, sans parler de l'ISF... Là aussi, les promoteurs s'en donnèrent à c½ur joie. Tant pis pour l'intérêt architectural.
 
Années 2010 :
Certains s'émouvaient de voir le béton débarquer. Les promoteurs n'étaient guère imaginatifs. Et ce n'était que de l'immeuble d'habitation. Hors du centre-ville, il n'y avait quasiment plus aucun commerce. Même les "Arabes du coin" disparaissaient. Aucun arbre, non plus. Oui, mais au moins, ils étaient limités à trois étages. Et la mairie préférait payer des amendes que d'autoriser les HLM...
Or, voici qu'arrivait le Grand Paris Express. Il s'agissait de remodeler complètement la petite et la moyenne couronne. C'était carrément open bar pour les promoteurs ! Le Conseil Général d'Ile-de-France avait décrété que l'intérêt général primait sur les POS locaux.
 
Sur le papier, l'idée était bonne. Vous aviez d'un côté des classes moyennes fuyant la capitale. De l'autre, des "habitants des quartiers", que l'on cherchait à saupoudrer sur l'ensemble de l'Ile-de-France (afin d'éviter un ghettoïsation.) En mixant ces deux populations, on allait recréé de la mixité sociale.
 
Année 2020 :
Le "pendant" est interminable. Dans un rayon de 500m autour de chez moi, il n'y a pas moins de 6 programmes immobiliers "Grand Paris". Lorsque l'un s'achève, les bulldozers débarquent ailleurs. C'est un ballet ininterrompu de camions de chantier. Avec ses rues fermées, ses palissades, ses trottoirs éventrés (car il faut revoir l'alimentation locale en eau ou en électricité.
 
Les promoteurs ont eu la main un peu lourde. 400 000¤ pour un 2-pièces, c'est cher... Et nos néo-banlieusards découvrent que le métro ne viendra pas avant des années. Pas de petits commerces (on les a rasé pour construire ton immeuble !) Donc voiture obligatoire pour se déplacer. Certains déchantent très vite et refont leurs valises.
Les "habitants des quartiers", eux, ils s'y plaisent bien ! On commence à voir des gens trainer, à dégrader leur environnement et à prendre à parti les gens.

Clairement, l'ambiance devient pesante. On comprend pourquoi certains se plaignent du bétonnage.

Un anonyme a déposé ces affichettes sur l'un des nombreux chantiers de ma ville. Et je ne peux qu'être d'accord avec ces mots simples : ma petite ville de banlieue a été vendue aux promoteurs.   Années 2000 : Ma ville était un de ces bourgs de petite ceinture parisienne. Vous aviez encore des zones industrielles, mais elles étaient plutôt en friche. Les barrières empêchaient les camions de man½uvrer. Les nationales étaient déclassées, avec des zones 30 dans les villes voisines. Enfin,...

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