Soumission
Maintenant que Michel Houellebecq a décroché le prix Goncourt pour La carte et le territoire, il est dispensé de rentrée littéraire. Bien sûr, Soumission était un peu difficile à trouver. Les libraires n'osent plus exposer des livres aussi sulfureux. Le titre est en fait une traduction littérale du mot "islam".
Ensuite, il a bien fallu le lire jusqu'au bout. Ce que n'ont pas fait les critiques littéraires. Non, ce livre n'a rien à voir avec celui d'Eric Zemmour. Non, il ne raconte pas la conversion du héros à l'islam.
En fait, on retrouve les thèmes typiquement Houellebecquiens : la solitude, les relations tarifées, les parents absents, qui meurent dans l'indifférence générale, les escapades à la campagne, un rapport complexe au consumérisme et à la vie mondaine... Houellebecq se cherche un antéchrist. Il y a eu la génétique, le terrorisme islamiste, Raël... Maintenant, c'est l'islam politique. C'est passionnant lorsque l'écrivain évoque son héros, un thésard lunaire, dépassé par ce qui se passe autour de lui. Ca l'est moins lorsque l'écrivain joue les analystes politique du café du commerce.
Un président partisan de l'islam radical ? Je n'y crois pas, pour des raisons assez terre à terre. Il n'y a pas de vote arabo-musulman. C'est une communauté trop hétérogène : pays d'origine, milieu socio-professionnel, rapport à la république, à la laïcité et à la religion... Il n'irait pas se réunir comme un seul homme derrière un Mohammed Ben Abbes qui prône un rapprochement avec les pétro-monarchies, un antisémitisme larvé et le retour de la polygamie. De plus, pour gagner une élection, il faut un parti, une équipe, des fonds. Les gens n'oseraient pas voter pour un novice... Même s'ils reprochent aux politiques un manque de renouvellement. Par contre, on a vu des hommes seuls prendre un parti d'assaut pour en faire sa chose (Jacques Chirac avec l'UDR, François Mitterrand et le PS, Edouard Balladur et l'UDF...) Ce qui aurait donc été crédible, c'est que Ben Abbes s'invite dans un petit parti et le transforme en machine à gagner. Aux élections locales, puis à la présidentielle. Mais j'ose espérer que personne ne votera pour un tel olibrius.
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