Al Ula
Une expo sur la cité d'Alula, à l'Institut du Monde Arabe ? C'est la fin de 74 années de politique !Dès le XVIIIe siècle, l'influence de l'empire Ottoman sur la péninsule Arabique, en particulier à l'intérieur des terre, était en chute libre. Un certain Muhammad bin Saoud, un notable, s'alliait avec le religieux Muhammad ibn Abd al-Wahhab, en 1744. Mais la conquête de la péninsule fut longue... En 1932, Abdelaziz ibn Saoud, un descendant, fonda le royaume d'Arabie Saoudite. Exclu du partage de la Mésopotamie par les Français et les Britanniques, les Américains cherchaient désespérément des producteurs de pétrole. Or, en 1933, SoCal (Esso) trouva du pétrole dans le jeune royaume. Ce n'était néanmoins qu'une simple concession.
En février 1945, sur la route de Yalta, Franklin Roosevelt s'arrêta au bord de la Mer Rouge. Le roi Saoud monta à bord du bateau pour signer un traité.
Avec ce traité, le roi Saoud fournissait tout son pétrole aux Etats-Unis, via l'Aramco. En échange, l'Arabie Saoudite devenait le grand ami des Etats-Unis. Le monde avait connu l'âge de la soie, des épices, de l'or ou de la canne à sucre. On avait fait des guerres pour le contrôle des lieux de productions et d'acheminement. Désormais, on ferait la guerre pour le pétrole.
Les monarchies du Golfe, nées dans les hasards de l'histoire, devenaient des souverains légitimes.
Dans le cas de l'Arabie Saoudite, le pétrole était l'alpha et l'oméga. Les structures étatiques restaient archaïques et il y avait ses liens avec un wahhabisme rigoriste, qui lui-même avait des liens avec le djihadisme. Avec les pétrodollars, l'Arabie Saoudite s'offrait la bienveillance des Américains. C'était aussi quasiment l'unique source de revenus. Côté archéologie, par peur que des fouilles contredise les dogmes, les ruines autour de La Mecque furent balayées.
Mais les temps changent. Avec le pétrole de schiste, les Américains sont moins dépendants des Arabes. Barack Obama n'avait pas hésité à parler avec le satan Iranien. Donald Trump, lui, n'a que faire cet Orient compliqué. L'age du pétrole est fini.
Mohammed ben Salmane, souverain de facto, a un nouvel ennemi : le Qatar. Le Qatar est le nouveau leader de la péninsule. Médias, sport, événementiel... L'Emirat s'est acheté des amitiés.
L'Arabie Saoudite, aussi, elle veut des amis ! Et pas la Chine, qui ne connait que des obligés... Mohammed ben Salmane veut dépoussiérer l'image de son pays et gare à ses contradicteurs... C'est parfois rock n'roll. Pour le Dakar, il a fallu supprimer l'alcool au buffet du bivouac, mais les femmes peuvent se déplacer librement et sans voile (pourvu que leurs tenus restent "modestes")
Et Al Ula ? Cela fait parti du plan de com' de l'Arabie Saoudite. Cette zone comprenait un "mini-Petra", Hégra, fondés par les Nabatéens durant la basse antiquité. La tribu des Thamud se serait ensuite implantés à proximité. D'après le coran, les Thamud, polythéistes, auraient été massacrés faute de vouloir se convertir à l'islam. A la fin du XIXe siècle, une voie ferré destinée aux pèlerins passait par là. Les Turcs s'en servirent de voie d'approvisionnement militaire et les rebelles Arabes -conseillés par Lawrence d'Arabie- sabotèrent la voie.
Pour une fois, les Saoudiens n'ont pas tout rasé au bulldozer. Au contraire, car les Qataris, eux, ils n'ont pas de sites antiques ! En 2017, "MBS" créa une commission royale pour la préservation du site. D'où aussi cette exposition à l'Institut du Monde Arabe. L'objectif affiché est d'en faire une destination touristique. Avec l'arrière-pensée de mettre en valeur l'héritage historique, là où Abu Dhabi a du bâtir un Louvre ad hoc.
L'exposition est intéressante, car les fouilles d'Al Ula débutent à peine et le sujet reste méconnu.
Après, la manière dont les Saoudiens montent en épingle le site est à la limite du ridicule.
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