Art3f Paris 2022

Ce week-end avait lieu l'art3f Paris 2022. Il s'est déroulé à Porte de Versailles, à Paris.
 
C'est un drôle de concept : un vrai-faux salon de l'art contemporain, itinérant qui plus est.
 
Vrai, car il y a effectivement des artistes présents, qui exposent leurs œuvres. Chacun possède son propre stand. Il y a également plusieurs galeries d'arts.
 
Faux, car l'objectif n'est pas d'exposer, mais de vendre.On note d'ailleurs qu'il n'y a aucun sponsor, aucun mécène. Alors que d'ordinaire, le "vrai" art contemporain a du mal à joindre les deux bouts.
Pour nombre d'artistes, une telle manifestation mercantiliste est un sacrilège.
 
art3f a généreusement distribué des invitations sur Facebook. D'ailleurs, aux caisses, il n'y avait même pas de files "avec invitation", car tout le monde en possédait une. Pas non plus de file "presse/VIP", ce qui là encore est un sérieux indicateur. Il ne manquait que des caddies !
Les prix de chaque œuvre étaient bien indiqués. A contrario, il fallait davantage chercher les notices biographiques des artistes. Pourtant, une œuvre, c'est le résultat d'un parcours, c'est une signification, un sens, etc. Là, on détache tout au profit du seul critère esthétique.

Un portrait des Rolling Stones fait avec... Des 33 tours des Rolling Stones ! C'est l'une des premières œuvre que j'ai vu.
 
C'est rigolo, sauf que sur les stands suivants, j'en ai vu, ensuite, des Mick Jagger et des Keith Richards ! Avec David Bowie, Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot, ils composaient une espèce de panthéon de la pop culture.
Il est vrai que c'était une clientèle d'utilisateurs de Facebook, donc des 35-65 ans. Un portait d'Aya Nakamura aurait été invendable...

L'une des tendances, c'est le détournement des marques de luxe. En apposant simplement un "Rolex" sur un bonhomme Lego, on lance une critique du consumérisme. Avec également un côté décalé et ironique.
 
C'est facile à faire et ça permet d'enfoncer des portes ouvertes.
 
De toute façon, là encore, on est dans une perspective de vente ; le message est secondaire.
C'est une clientèle de la classe moyenne, ils recherchent des œuvres plutôt consensuelles. Pas des aquarelles de bateau, mais il faut que cela reste exposable dans son salon !
Donc le curseur de la provocation doit rester plutôt bas.

Pas mal de personnages de dessins animés (Mickey, Droopy, Snoopy, la Panthère Rose...) détournés
On reste dans le pop art et la provocation soft. Dans un autre genre, on trouvait également quelques œuvres sinisante.
Les artistes présents étaient plutôt grisonnants ; aucun jeune diplômé d'école d'art. En fait, ils ressemblaient aux visiteurs. Toujours dans cet esprit rassurant et une accessibilité certaine.
 
Sur les stands, on trouvait une variété d'approches : photos retouchées, peinture (mais très peu d'art abstrait), sculpture, collage...
Visiblement, le cahier des charges, c'était un prix inférieur à 1 000€ et un format raisonnable. L'acheteur doit pouvoir acheter sur un coup de cœur et pouvoir prendre le métro avec ! Accessoirement, comme les visiteurs sont des citadins, ils disposent d'une place limitée.
Donc pas d'œuvres monumentales, de choses fragiles ou d'installations.
 
J'imagine que l'organisateur prélève une commission sur chaque vente. Ou bien qu'il loue les espaces aux artistes. Chacun avait d'ailleurs un stand de taille à peu près identique. Il n'y avait donc pas de méga-star.

Pour ou contre l'art3f ? Ce n'est pas vraiment de l'art. On est davantage dans de l'objet décoratif.
 
D'un autre côté, les visiteurs étaient là en nombre. Et ils sortaient leur porte-monnaie !D'ailleurs, j'étais bien le seul à m contenter de prendre des photos...
Des acheteurs souvent complètement incultes, mais qui faisaient preuve de spontanéité. Ils achetaient parce que ça leur plaisait et que ça irait bien au-dessus du lit, pas pour spéculer !
Pour eux, c'était aussi l'occasion d'acheter directement auprès du créateur. Alors qu'ils n'oseraient peut-être pas pousser la porte d'une galerie d'art ou d'un atelier d'artiste.
 
Il y a aussi cette envie d'avoir de la culture chez soi, typiquement française. Aux Etats-Unis, on expose ses trophées de golf, pas sa bibliothèque ou ses tableaux !
S'y ajoute un esprit post-Covid : dehors, le virus rôde et il y a des interdits. Alors, faute de sortir, on transforme son chez-soi en bar-restaurant, en hôtel... Et en musée !

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