Schizophrène contre schizophrène


15 ans que Philippe Muray est mort. 15 ans que ses éditos au vitriol me manquent. A la place, il faut se contenter du livre annuel d'Eric Zemmour. Et encore, ce dernier n'a pas le second degré et le nihilisme du premier... Sans parler de la finesse d'analyse.

Philippe Muray avait vu naitre et grandir Homo Festivus et le principe de précaution.
Homo Festivus, c'était ce goût de la fête permanente. Le bobo Parisien qui courrait d'un fête à une fête, voyageant d'un pays à l'autre comme il le ferait entre deux arrondissements. Il n'enviait pas Kim Kardashian, car il ETAIT Kim Kardashian ! L'hédonisme devient une loi. L'annulation du festival d'Avignon en 2003 fut une tragédie nationale. Le produit culturel était élevé au panthéon. Si vous osiez critiquez une installation d'art contemporain ou émettre des doutes sur tel nouveau courant musical, on n'hésitait pas à vous comparer aux nazis !
Et donc, vous aviez le principe de précaution. La période 1995-2005 fut marquée par les scandales alimentaires (vache folle, listéria, grippe aviaire...) Les Français jouaient à se faire peur, craignant une pandémie. C'était aussi de l'infantilisation : fumer tue, la graisse fait grossir, l'eau mouille... Les Français finissent par se comporter en enfant. S'ils ont laissé crever mémé, lors de la canicule de 2003, c'est parce que les dirigeants n'ont pas dit aux Français d'apporter des packs d'eau aux personnes âgées !
 
A priori, les deux tendances se complétaient. Homo festivus était un enfant et le principe de précaution entérinait son immaturité chronique.
Mais avec le Covid, le principe de précaution a tué son double. Les bars, restaurants, hôtels, cinémas, musées, théâtre, boites de nuit, etc. où Homo festivus chantait et dansait ont fermé sine die.
Des schizophrènes font face à d'autres schizophrènes. Le gouvernement tient un discours anxiogène : "Si, à noël, vous touchez mémé, elle mourra du Covid ! Et ça sera vous, le meurtrier !" Le masque, d'abord proscrit, devint conseiller, plus obligatoire. Et voilà ce même gouvernement s'étonnant de la pression populaire sur l'accès aux masques, aux tests et maintenant, aux vaccins. En face, les Français se languissent de la fermeture des lieux de vie, mais ils sont contre tout relâchement. Au contraire, ils exigeraient presque des reconfinements !
Homo festivus a été terrassé. Il y a bien sûr l'impact économique. Mais il y a aussi le discours. Traiter les saltimbanques de "non-essentiels", Nicolas Sarkozy n'aurait même pas osé en rêver ! Télérama et Libé avaient fait des éditos pour moins que cela ! Mais le principe de précaution est plus fort que tout. A peine quelques grognements, ici et là. Les artistes ont trouvé plus forts qu'eux. La peur de la mort est plus importante que l'inculture. Les artistes sont à leur tour victime d'un point Godwin : critiquer le confinement, c'est s'associer aux anti-masques, proches de Donald Trump, donc de satan.

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