Un quinquennat pour rien, par Eric Zemmour

 

En automne dernier, il y avait un afflux de livres critiquant l'élitisme du PS et la nullité de François Hollande. T'en qu'à en lire un, autant choisir un fin connaisseur de la politique française, Eric Zemmour. Désormais, à chaque automne, il pond un paveton. Après Le suicide Français, voici Un quinquennat pour rien. Et j'avoue que j'ai de plus en plus de mal à les lire, ces pavetons...
 
En fait, il faudrait l'appeler Le bûcher des vaniteux 3. Car il s'agit essentiellement de recueils de ses chroniques sur RTL.
Zemmour nous transporte dans une époque lointaine, 2014-2015. Souvenez-vous... A gauche, François Hollande est sûr que "ça va redémarrer". La courbe du chômage va s'écrouler et sa popularité va redécoller. Il fera comme François Mitterrand en 1987 : s'autoproclamer candidat du PS et court-circuiter la primaire. Arnaud Montebourg n'est pas d'accord ? Alors il va ouvrir au maximum la primaire, pour que les ambitieux se tirent dans les pattes. Et voilà comment on se retrouve au second tour avec seulement 20% des voix au premier ! En bon Machiavel, Hollande met Manuel Valls et Christiane Taubira au gouvernement, comme ça, ils se neutralisent. Réaliste, Valls pense que c'est cuit pour lui, en 2017. Il préfère viser 2022. 2017, il n'y a que ça qui importe Hollande, quitte à faire des cadeaux à ses clientèles électorales (fonctionnaires -notamment les profs-, bobos, islamistes modérés...)
En face, c'est guère mieux. Nicolas Sarkozy n'est pas parti bien loin, ni bien longtemps. Il se voit en Charles De Gaulle, en 1958 : "Je reviens, parce que le pays a besoin de moi." Rétrospectivement, son discours rappelle plutôt celui d'Alain Pierrefyte, en 1983, lorsqu'il prévoyait l'effondrement rapide de Mitterrand et le grand retour de Valery Giscard d'Estaing... Son rival, c'est Alain Juppé. Poussé par le centre et par les médias, l'ex-premier ministre se voit déjà au 2e tour de 2012. Pour les sympathisants socialistes, il est "la moins pire des solutions". Quant à Jean-François Copé, il ne sait pas trop quoi dire et quoi faire pour exister.
Hollande, Montebourg, Valls, Sarkozy, Juppé, Copé... Ce sextet essuie lame de fond sur lame de fond. D'abord, les attentats de Charlie Hebdo, où Hollande revient brièvement en majesté. Puis celui du Bataclan, qui fait bouger les lignes. LR s'était habitué à peser ses mots, pour ne pas être taxé de racisme. Mais voilà qu'en novembre 2015, Hollande et Valls parlent de déchéance de nationalité, de lutte contre le terrorisme islamiste. LR ne sait plus où se positionner, en particulier Sarkozy. Ensuite, c'est le Brexit, sur lequel Zemmour ne s'étend pas assez. On nous avait promis la ruine de la Grande-Bretagne et voilà qu'elle embauche ! Sur Donald Trump, l'auteur se contente de noter qu'il a balayé les favoris de la primaire Républicaine.
 
C'est cette volonté de "sortir les sortants" qui finira par avoir la peau de notre sextet. Tout le monde a été surpris, même Zemmour. La preuve : Benoit Hamon, Emmanuel Macron et François Fillon apparaissent à peine dans le livre...

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