Nous t'avons tant aimé, Fabien Barthez...


J'ai vu Fabien Barthez jeudi soir. C'était pour les nouvelles montres HYT. Fabien Barthez... Le gardien de but de l'équipe de France championne du monde 1998 et championne du monde 2000... Un authentique monument.
 
En France, on aime les sports où il y a des Français qui gagne. Qui parlait de natation avant Laure Manaudou ? Qui parlait de boxe avant Brahim Asloum ?
En 1998, le football français, personne n'en parlait. Le Grand Stade a eu un nom par défaut et il lui manquait un club résidant. On critiquait Aimé Jacquet parce qu'il avait écarté Eric Cantona et David Ginola, jugés trop vieux. Le seul "bleu" un peu connu, c'était Youri Djorkaeff ! La génération Platini avait échoué en demi-finale d'une coupe du monde. Pourquoi est-ce que ces inconnus iraient plus loin ? On sortait de deux non-qualifications et si la France jouait, c'était parce qu'elle était qualifiée d'office ! Jacquet était un coach à l'ancienne, dur avec les journalistes, franc avec les joueurs. Il avait un look de retraité : accent de Rodez, lunettes teintées et jogging Adidas.
 
Puis il y a eu ce miracle, le 3-0 contre le Brésil. Et deux ans après, ce 2-1 face à l'Italie. D'un seul coup, il y avait 60 millions de supporters ! Toutes les marques voulaient les bleus et ils ont rarement dit non... Adidas, Lu, Danone, Evian, McDo, Carrefour, Playstation, Monsieur Propre (!), Petrol Hahn, le boeuf... Marcel Dessailly faisait de la pub pour SFR et Zinedine Zidane, pour Orange. Ce même Zidane soutenait Generali, tandis que Lilian Thuram roulait pour Assu 2000.
 
On en avait oublié qu'une équipe, parfois ça gagne, parfois ça perd. Eux aussi, semble-t-il. Il y a le naufrage Coréen de 2002. Didier Deschamps et Laurent Blanc sont partis en héros. Les autres sont restés suffisamment longtemps pour devenir des méchants. On attendait de "nouveaux bleus". Le costume était trop large pour Nicolas Anelka, Samir Nasri ou Karim Benzema. 2006 était le dernier rendez-vous de la génération 98. Les footballeurs n'avaient pas conscience qu'ils étaient plus que des joueurs. Ils portaient nos espoirs, nos impatiences. Ils étaient des modèles. Le coup de tête de Zidane, pour son dernier match, démontrait bien cette incompréhension. Thuram voulait le droit de prendre la parole, mais il refusait d'être contredit.
 
Si aujourd'hui, on leur a pardonné, c'est peut-être parce que le temps a effacé les cicatrices. Cyniquement, on pourrait aussi dire que c'est parce qu'on a eu pire ensuite. On a eu Benzema et Franck Ribery rigolant pendant la Marseillaise et surtout, le fameux bus de Knysna... 

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